Un phare dans la tempête : la Giraglia

12 février 2020
Giraglia

À un peu moins de 2 milles nautiques (entre 2 et 2,5 km) du port de Barcaggio se dresse un énorme rocher balayé par les vents et la plupart du temps isolé par les tempêtes : l’île de la Giraglia (commune d’Ersa). Elle s’étire sur environ 800 m de long et 50 m de largeur et culmine à près de 66 mètres au-dessus du niveau de la mer. Sur sa pointe nord, le 1er janvier 1848, une puissante lumière illumina le ciel : le phare de la Giraglia entrait en service.

Préserver une réserve naturelle sauvage en Corse

L’éloignement de la Corse, ses escarpements, notamment sur les côtes ouest et est, conjugués à une mer agitée ont rendu extrêmement difficile l’accès à cet îlot. La présence humaine s’est raréfiée au fil des années jusqu’à disparaître, transformant l’île de la Giraglia en un sanctuaire pour la préservation de nombreuses espèces animales tel que les Puffins Cendrés et les Cormorans Huppés. Récemment, une nouvelle espèce de fourmi y a été découverte sans compter l’existence de lézards endémiques à l’île ou encore de la tarente de Maurétanie (gecko d’une quinzaine de centimètres).

Cette diversité lui a permis d’être classifiée en Réserve Naturelle en 2017 et en fait désormais un lieu protégé et préservé. Unique témoin de cette vie animale, le phare de la Giraglia, aux côtés de la Tour Génoise, veille et assure la sécurité des nombreux bateaux navigants de la mer Méditerranée à la mer Tyrrhénienne.

Lorsque le phare était encore habité, il était possible de le visiter. Après un accostage acrobatique à l’un des deux embarcadères, les visiteurs rencontraient alors, outre les gardiens, quelques habitants insolites, à savoir deux ou trois poules et leur coq ainsi qu’un âne devenu célèbre et qui répondait au nom de « Monsieur l’Ingénieur ». Les rares privilégiés de l’époque ont alors pu profiter du spectacle grandiose offert par l’île. Mais depuis le départ des derniers gardiens du phare, l’île n’est désormais plus accessible au public et les seules interventions humaines, hors scientifiques, sont provoquées par les visites de maintenances, effectuées par les agents des Phares et Balises (institution créée à la Révolution Française mais développée par Napoléon 1er qui l’intègrera à la Direction des Ponts et Chaussées). Ils ont pour obligation de déranger le moins possible la faune, notamment au printemps, à l’époque de la nidification.

Un phare de Corse classé monument historique

Classé monument historique le 19 avril 2011, après 172 ans de bons et loyaux services, le phare de la Giraglia est, tout comme celui des Îles Sanguinaires au sud-ouest, ou ceux de Pertusato et de la Chiappa au sud, ainsi qu’à l’ouest celui de la Revellata, un phare de 1er ordre. Leur construction sera décidée en 1838 et s’achèvera entre 1844 et 1845. Le phare de Giraglia ne sera pour sa part terminé que trois ans plus tard à cause des difficultés provoquées par les conditions climatiques épouvantables.

En raison de sa situation stratégique au nord de la Corse, l’île a été occupée par l’homme depuis l’Antiquité. De nombreux édifices militaires y ont été érigés, comme la Tour Génoise dont l’édification prit fin en 1584. L’architecture de cette tour a du reste servi de référence à l’ingénieur Léonce Reynaud, directeur du Service des phares et balises, pour la construction du phare. C’est ainsi que son emplacement au centre d’un soubassement rectangulaire surmonté de créneaux lui donna l’aspect fortifié d’un château fort. Les travaux débutèrent en 1839, dans les conditions dantesques et dangereuses que l’on imagine. Jusqu’à ce fameux 1er janvier 1848, date de la mise en route officielle du phare de Giraglia.

Pour accéder à la lanterne, il faut emprunter un escalier de plus d’une centaine de marches. Point névralgique de l’édifice, le sommet du phare abrite une puissante lampe dont le feu tournant s’allume toutes les 5 secondes. Le phare de la Giraglia éclaire jusqu’à 55 km, un peu plus par temps clair. Il est entièrement automatisé et n’a plus de gardiens depuis 1992. D’abord alimenté au pétrole puis à l’électricité produite par des groupes fonctionnant au diesel, il est aujourd’hui parfaitement autonome, équipé de panneaux photovoltaïques. Il dispose d’un matériel de secours qui prend le relais en cas de défaillance.

Lors d’une prochaine escapade au cap corse, ne manquez pas d’observer cette île et son phare étonnant, spectacle assuré.

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